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             SOCIÉTÉS PROTECTRICES DE L'ENFANCE,           111

de Platon, ni les modèles fournis par Homère, Virgile et
Plutarque, et que tout en conservant l'ardeur de la foi chré-
tienne, on peut être juste envers l'antique; on y trouve sou-
vent, sous des formes et des couleurs qui appartiennent au
temps, des vérités qui appartiennent à tons les âges. Pre-
nons pour exemple ces vers du prince des poètes.
                 Cui non riserc parentes
        Nec deus hune mensa, deo nec dignata cubili est.

   Cette observation fine et judicieuse nous servira à confir-
mer notre opinion sur la cause de l'abaissement moral d'un
honune célèbre, privé dès les premiers jours de son exis-
tence de l'influence maternelle, abandonné au loin à la
dictature d'une nourrice, rendu à sa famille au bout d'un
an ou plutôt déposé au milieu d'une société frivole, dont
la célèbre Ninon présidait les fêtes et les plaisirs; il entre
à l'âge des études sérieuses au collége'des Jésuites; livré à
leur enseignement et à leur éducation pendant sept ans, il
rentre dans le monde sous le nom de Voltaire.
   Si nous étudions maintenant cette figure, nous n'y trou-
vons aucun des traits qui expriment l'éducation faite par
la mère, dont les traces se conservent indéfiniment chez
celui qui en a fcavouré les pures émanations : la foi, mère
de l'espérance, la pudeur, mère de la vertu.
   Voltaire, dont les admirateurs ont dit que ses aptitudes
étaient universelles, qu'il était doué du sens esthétique, a
méconnu, disent les meilleurs critiques, les plus hautes
sublimités de l'art : la Bible, Homère, Dante, Shakspeare.
   D'après lui, lapoésie de la Bible est du galimatias, Ho-
mère un beau parleur, la Divine Comédie un salmigondis
qu'on a pris pour un beau poème, les tragédies de Shak-
speare sont des farces monstrueuses.
   On le voit, les paroles du maître régénèrent difficile-
ment l'esprit de l'enfant, lorsque dès le berceau il a été
privé de cette lumière pure, féconde qui rayonne do l'âme
 de la mère et illumine la conscience du fils.