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100                LES BEAUX-ARTS A LYON.

sible dans tous les accessoires arrête l'artiste dans le déve-
loppement de sa composition.
   Il faut bien le dire, les applaudissements du public en-
 courageaient nos peintres à persévérer dans cette voie.
Ils vendaient très-bien leurs travaux, ils avaient un
cachet d'originalité qui était goûté, pourquoi n'auraient-
ils pas profité de la veine ? Souvenons-nous qu'à cette
époque on était passionné pour le moyen âge et la cheva-
lerie, qu'on s'exerçait aux petits vers et aux romans, qu'on
riait au Vaudeville et qu'on chantait au Caveau ; de même,
on ne cherchait dans les arts qu'un délassement et on de-
mandait de petits tableaux avec une idée ingénieuse,
une saillie spirituelle ou une pensée attendrissante ; on
se contentait même d'une scène triviale ; on voulait sur-
tout des effets de lumière sur des meubles, sur de l'acier,
ou sur des étoffes. Le matérialisme régnait, et le luxe qui
faisait vivre les artistes était matérialiste. Qui, parmi les
heureux que favorisait la fortune (et rfeux-là seuls ache-
taient des tableaux), se préoccupait du style, de l'idéal?
Qui aurait acheté un tableau d'histoire ? qui songeait à
bâtir des châteaux et à appeler des artistes pour les
décorer ?
   D'ailleurs, en admettant même que les peintres lyonnais
eussent eu le désir de s'élever au grand genre, ils n'au-
raient rien trouvé dans l'enseignement de l'école de dessin
qui les aidât pour leurs études. Ceux qui ont connu Eevoil
disent combien il se plaignait souvent de l'insuffisance
des moyens d'instruction qu'on mettait à sa disposition (4).
Aussi, les élèves de l'école s'apercevaient qu'ils fai-
saient fausse route en s'attachant au poli du pinceau et
qu'ils ne comprenaient la perfection de la forme , seu-
  il) Voir Eloge de Bonne fond, par M. Martin-Daussigny, p. 6.