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92 LES BEAUX-ARTS A LYON. c'est qu'une princesse italienne était arrivée à la cour ; sans elle, il est probable que l'agriculture et le commerce, dont Henri IV et Sully cherchaient à ranimer la prospé- rité , auraient seuls absorbé l'attention et les efforts de tous. Rien de semblable n'eut lieu au dix-neuvième siècle ; aucun secours ne vint du dehors aux beaux-arts ; de l'esprit public et des idées républicaines dut naître le goût des arts antiques. Il fallut une révolution dans les beaux-arts comme dans toutes les institutions: elle de- manda du temps, et, bien que la réaction eût commencé dès le règne de Louis XVI, c'est encore merveille qu'elle ait pu se faire si rapidement sous l'impulsion de David. A Lyon, le maintien d'une école de dessin et de quel- ques occupations artistiques est dû au souci que l'on avait des manufactures de soieries. Les besoins de cette indus- trie, cause de notre renommée commerciale et source de considérables profits, ne pouvaient être méconnus : ils se rattachaient à la prospérité de la ville et à la vie d'une nombreuse population ouvrière. Les leçons gratuites de dessin ne furent donc interrompues que pendant quelques années ; et le dix-huitième siècle ne se fermait pas sans qu'au palais Saint-Pierre Cogell eût repris son cours (1). Venir en aide à l'industrie de Lyon, telle est la pensée qui domine partout ; les arts n'ont droit de cité qu'à la condition d'être utilisés. L'Académie de Lyon donne-t-elle des prix pour encourager les arts (2)*? elle agit sous l'em- pire d'une préoccupation industrielle et elle fait appel à toute découverte d'un perfectionnement dans la fabrication (1) Dans cette école gratuite, instituée par la municipalité, Cogell enseignait le dessin de la figure ; Devarenne était professeur pour la fleur ; Leclerc enseignait la mise en carte. (2) Voir par exemple les prix stipulés « encouragements aux arts » que l'Académie a donnés en l'an XIÎ.