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                  APPROCHE, SI TU ES HARDI !                81

derais seulement pas la mère Mivière. Dis , je parie
cela.
   — Notre maître, vous êtes plus fin qu'un notaire, et
vous raisonnez comme pas un curé, mais avec votre per-
mission, je répondrai: Les camarades, par une mauvaise
farce, ont essayé de me guérir, je ne leur en garde pas ran-
cune; mais on dit que tout remède est un poison, et j'ai bien
manqué périr de l'un ou de l'autre. La lionte me monte au
front quand j'y pense ; mettez cela sur le compte de la
lièvre; mettez que j'aie été ensorcelé. Je vous demande
tant seulement si je vous ai margagné pendant ce temps
là, ou bien à un autre moment ; mais ce qui m'a guéri en-
core mieux que la fausse fayolle, c'est la bonté de tous
vous autres, les soins délicats de cette jeune fille. Si vous
voulez que je vous quitte, ce ne sera pas sans regrets de-
moi et sans reconnaissance. Je vous laisserai mon dernier
gage, ou je travaillerai un an et plus, si vous voulez pour
dépêcher la besogne.
   — Assez, Clément, dit le père, tu vas t'en aller aveu
Débenoît, qui t'a si bien appris d'avoir affaire aux fées.
   — Ah! les fées, les fayolles, je dirai toujours que ce sont
des contes, des inventions, s'écria le garçon dolentement,
elles n'ont qu'une qualité, suivant moi, avec le défaut de
tromper le monde, elles sont bonnes ouvrières, puisqu'elles
l'ont pousser le blé et mûrir la vigne.
   — Eh! bien, que dirais-tu, reprit Mivière, si je te racon-
tais une belle histoire de par ici, car c'est un endroit bien
placé pour ça, il y a tant de choses curieuses : la Pire-
 Longe, les Pierres-de-Saint-Martin. "Un garçon, comme toi,
mais encore un peu plus simple, du reste bon cœur et dé-
voué, devint une fois amoureux de la fayolle du pré, à eu
perdre l'aime, tu n'es pas le premier, il fut tout étonné à la
fin de rencontrer la fée dans son voisinage, il la voyait tous
les jours, l'entendait, elle était sage, jolie, travailleuse ;
elle avait vingt ans, s'il m'en souvient, peu de biens, de»
habits gris, mais un cœur bon comme ie bon pain; si tu la
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