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                   APPROCHE, SI TU ES HARDI !                        t)7

leurs simagrées. Travaillons et lisons ; ça ne vient pas
du premier coup, ainsi le fruit du poirier d'Idéah ! un
germe pousse serré, duveteux, il devient bouton, la fleur
s'ouvre et embaume ; puis elle se fane ; combien de jours
d'été et de soleil d'automne pour mûrir la poire? Apprenons,
feuilletons les livres, devenons savant, savoir c'est pou-
voir. On m'a parlé d'un vieux prophète qui ne sait ni lire,
ni écrire (1), il prédit par un don de Dieu, ce père Sandier,
Ce serait donc une raison pour ne pas tant se tarabuster
l'aime. C'est bien long et je n'ai pas encore vu dans mes
psautiers comment s'emparer des fées.
   Peu à peu le pauvre Clément Pavier prit en dégoût ses
livres et se dépita ; puis il fallut abattre les foins, il reprit
un peu courage en fauchant sous le vieux poirier ; puis les
moissons arrivèrent, tous les travaux de l'été ; après les
javelles liées, il lui restait peu de temps. Et les journaliers,
jaloux de le voir plus instruit qu'eux, moins pesant et un
peu fier, lui disaient :
   — A quoi te servira de savoir lire et écrire, si tu ne te
mets marchand, ou clerc d'huissier, ou cantonnier ? En es-
tu bien plus avancé que nous ? As-tu trouvé ce que tu
cherchais? Tout le monde se moque de toi, pâle galant des
fayolles. Laisse là tes paperasses, tu es déjà quasiment en
 train de perdre la raison. Puisque tu en tiens pour ton ap-
 parition, faut consulter pour un jour la sorcière d'Oudan
 Elle te donnera, pour deux fois trente sous, le moyen d'at-
 traper cette fée imprenable.
    De ce moment, Favier ne lut plus, n'apprit plus et laissa
 rouiller tout ce qu'il savait, comme le fer de la charrue,
 que l'on laisse des mois, par négligence, au retour des
 sillons.

   (1) Le père Sandier aurait prédit les chemins de fer, la fin du monde
et la guerre deux prétendants se disputeraient le trône, un tiers la sau-
verait, faut-il traduire M. Thiers?