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LA NOUVELLE CHAPELLE BE FOURVIÈRE. 51 L'art si multiple du moyen-âge, comme un vaste champ de fleurs, s'est présenté aux yeux de l'artiste avec toutes ses richesses et ses séductions, mais aussi avec ses trom- peuses magnificences. C'est dans cette marche éclectique à travers cet immense étalage des œuvres architecturales des siècles passés qu'il faut admirer la sûreté de coup d'oeil, la sagacité et la science profonde de l'architecte de Fourvière. Qui l'a guidé dans cette scabreuse pérégrina- tion de l'esprit artistique et l'a empêché de s'égarer ? Ce fil d'Ariane, qu'il a tenu constamment en main, n'est autre que l'étude attentive des œuvres monumentales de l'art grec, qui sont à elles seules l'éternel rudiment où tous nos artistes les plus célèbres sont allés puiser les principes du grand art. L'art grec monumental, comme l'art grec oratoire, a été le flambeau qui a véritablement illuminé les grandes intelligences ; rien ne saurait rem- placer ce sublime enseignement. En faisant pénétrer les principes sévères de l'esthétique dans une foule d'oeuvres, il a fait reculer la barbarie et l'a empêché de déchirer jusqu'à son dernier feuillet, ce code immortel du beau et du vrai qui doit nous préserver d'une décadence finale. L'œuvre de Fourvière touche, comme on le voit, aux principes d'art de deux civilisations : le moyen-âge et l'antiquité. Au premier, l'influence poétique, la vie, le mouvement. Au second, le savant éclectisme de la forme, les harmonies des masses, le calme, la tranquillité des lignes, la pureté des contours, la distinction du style. Cette magnifique page que la foi de toute une population dédie, dans un sentiment de reconnaissance, à l'auguste Protectrice de notre cité, répond pleinement aux aspira- tions qu'elle représente, Ce n'est pas le plan d'une cathédrale que l'arj'hitecte a eu en vue. La nouvelle basilique, malgré ses belles