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50 LA NOUVELLE CHAPELLE DE FOURVIÈRE. reflet d'un art unique caractérisant telle ou telle pé- riode. Personne, que nous sachions du moins, n'a reproché à toutes ces manifestations de l'art chrétien leur caractère de nouveauté comme une intrusion criminelle dans les traditions de l'architecture religieuse. L'œuvre de Four- vière, dont la physionomie générale indique suffisamment son origine et son air de famille avec des styles depuis longtemps admis dans les classifications de l'archéologie sacrée, ne se présente pas autrement que ses devancières au jugement de nos contemporains. Elle est une nou- veauté au même titre que chacun des styles qui se sont montrés à diverses époques. Notre xixe siècle, quoi qu'on en dise, et malgré ses ten- dances à la copie et au pastiche, ne se sera pas éteint sans laisser, comme les époques précédentes, un spéci- men remarquable de la fusion de l'art religieux dans un type orignal. L'œuvre de Fourrière résume, en effet, dans son style, avec un éclectisme parfait, toutes les grandes qualités des architectures de l'ère chrétienne. Le moyen-âge y apparaît avec tout ce qu'il a de charme et de grandeur ; nous y retrouvons l'ampleur et la fer- meté des lignes romanes avec leur inépuisable ornemen- tation, le jeu élégant et la souplesse des arcs et des co- lonnettes de l'époque ogivale ; mais tout cela tempéré, contenu, épuré, ennobli par une étude savante des formes, par une admirable entente des proportions et par un sentiment exquis de la ligne des profils. Pour parler ainsi le langage de l'architecture religieuse, le grand artiste n'a pas eu recours à un autre alphabet que celui qui est propre à cette architecture ; il a donné seulement un autre tour à sa phrase, il a su la rendre nette, con- cise, claire et élégante.