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396           FOURVIÈRE ET LA NOUVELLE ÉGLISE.
templer fini et complet ? Les générations passent vite. Après la
commission actuelle, après l'architecte qui voit en songe ses
plans réalisés, viendront d'autres commissions et d'autres archi-
tectes ; on ne respectera pas les plans dont on juge aujourd'hui
le style irréprochable. Cela s'est toujours passé de la sorte et
cette loi fatale de l'incertitude des choses humaines est marquée
au front de tous les monuments. Peut-être aussi nos arrière-
neveux, se jugeant incapables d'achever un ouvrage au-dessus
de leurs forces, l'abandonneront-ils, et les travaux passeront
à l'état de ruine sans avoir été un monument. Et pourquoi
adresser un reproche à l'attachement des vieillards pour les sou-
 venirs d'enfance ? Cet attachement est respectable ; il est la
force des sociétés et le lien des familles. Malheur à ceux dont la
jeunesse n'est pas soudée à des existences antérieures par des
 liens de respect. Proies sine maire r.reata. Cette jeunesse ne
 sait ni d'où elle vient, ni où elle va, et comme elle n'a pas d'an-
 cêtres, elle n'a pas de descendants.
   Quant à la plus grande somme de bien-être matériel que l'on
 recherche au moyen d'une église neuve, il faut en envisager de
 suite toutes les conséquences. Ce n'est pas tout de faire un vaste
 édifice, il faut y arriver commodément par de larges avenues,
 par des pentes adoucies et des voies conformes au progrès ; il
 faut arriver rapidemeut. Voyez-vous surgir, derrière vos pro-
jets, le projet d'un chemin de fer et d'une gare confortable,
 chassant la paix et la solitude, détruisant le pittoresque et les
 dernières retraites de la prière, amenant sur les flancs de la
montagne sainte une foule désœuvrée, bruyante et souvent licen-
cieuse. Que devient le pèlerinage? De progrès en progrès, on
emploie pour la construction le fer et la fonte, comme à Saint-
Eugène, l'éclairage au gaz, comme à Saint-Bonaventure ; les
équipages pourront circuler et stationner, des squares égaieront
les abords et offriront des allées sablées aux bonnes en chapeau
et allemandes poussant leurs bébés en petites voitures. Que ce
sera beau! ne s'agit-il pas de lutter avec Marseille, Lille ou
Bordeaux, à qui dépensera le plus et brillera le plus ?
  Autre paradoxe assez en vogue, mis en circulation par ceux
qui se laissent prendre aux mots sans en scruter la valeur :