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318 LA FONTAINE DU DIABLE. fums que j'adorais, ainsi que toi, qui sais • si bien appré- cier les trésors de la nature!... J'ai encore le dernier bouquet que tu m'avais offert à Valence ! il est dans une petite boîte ; tu la trouveras dans le tiroir de ma table... Ces fleurs sont bien fanées; n'importe! elles brillaient toujours, à mes yeux, sous le charme de ton souvenir ! .. — Pauvre chère Madeleine ! emmène-moi, emmène- moi!... Je veux une place dans ta tombe .et sous ton blanc linceul!... L'infortuné Joseph tâchait de réchauffer, avec son souffle, des mains qui pâlissaient toujours de plus en plus... Yvonne pleurait dans un coin, tout près du lit de sa fille. — Adieu, nourrice, tu m'as aimée autant qu'une vraie mère !... Hélas! je n'en avais point et je meurs sans m'ê- tre consolée de cette cruelle perte... Mais je vais la voir enfin, et je lui dirai : — Ma mère , soyez contente d'Yvonne ! Sa sollicitude ne pouvait être surpassée en votre absence!... — Madeleine adorée, tu reviendras comme tu me l'as promis, dit Joseph... Je reconnaîtrai partout ton appa- rition, je sentirai le frôlement de tes ailes, les caresses de ton haleine embaumée; je te devinerai dans l'espace, mais cela' ne me suffira pas et je te rejoindrai bientôt ! — Oui, mon Joseph, je viendrai te chercher lorsque tu auras payé ta dette au pays, en chantant sa gloire, Ô troubadour que j'aime!... Et toi, cher André, tu m'as prodigué tes soins, merci, mille fois merci ! Travaille pour l'art et pour la France ! La voix de Madeleine s'affaiblissait... Tant d'efforts, en surexcitant sa belle âme, avaient brisé son corps si frêle. Ah ! l'agonie, la froide agonie lui apportait sa sueur