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                  LA FONTAINE DU DIABLE.                313

verte; un ravissant bouquet répandait ses senteurs eni-
vrantes, comme pour caresser la jeune fille endormie.
   On était à un étage élevé, et le soleil, « ce luxe des
pauvres»,accordait un reflet bien pur,un aumône divine,
à la chambrette embaumée. A.ndré-le-Blondin fut frappé
du rayonnement de la figure de sa sœur :
   — Quelle est belle!.. Non, nous ne la conserverons
pas ; elle a une beauté qui n'appartient pas aux filles de
la terre !
    — André, dit Madeleine en se réveillant, j'ai fait un
doux rêve; c'est aujourd'hui qu'ils viendront, afin que je
puisse les revoir avant de mourir !..
   Le jeune homme croyait aux pressentiments; il ne
douta pas de la réalité de cette sorte de vision. Après de
longs jours d'attente, car un voyage de Valence à Paris
était un événement, dans ce temps là, et ne s'effectuait
point aussi facilement qu'aujourd'hui, on entendit frapper
à la porte de la mansarde...
    Ces coups résonnèrent dans l'àme de Madeleine et
même dans celle d'André, quoiqu'il fût plus fort...
    Yvonne et Joseph!... c'étaient bien eux!... La pauvre
nourrice, oubliant presque son propre enfant, eourut
vers le lit de Madeleine, serra sa fille sur son coeur, en
l'inondant de ses larmes, tandis que Joseph, qui sanglo-
tait aussi, attendait le moment propice pour embrasser
sa sœur adorée !
    Ce moment arriva, mais Madeleine s'évanouit... Lors-
qu'elle revint à elle, apercevant Yvonne et Joseph, qui lui
souriaient, elle oublia tout, l'infortune, les souffrances,
la pauvreté, la mort elle-même, qu'elle entrevoyait sou-
vent, pour se livrer à une joie enfantine.
   -— Mère Yvonne, que je te sais gré d'être venue ! . . Em-
brasse-moi encore, comme lorsque j'étais là-bas ! ... Si