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                LA FONTAINE DU DIABLE.                 299

durant quelques instants, voilà tout. Vos parents me
l'ont permis...
   Et, se mettant à genoux devant mademoiselle de Fa-
ventines, le jeune baron de Crussol, avec un regard qui
peignait l'état de son âme, s'écriait :
   — Par pitié ! dites-moi un seul mot, un seul !.. Dites
que vous ne me repousserez plus ! que vous m'aimerez, que
vous accepterez ma main !.. 0 Madeleine, dans toutes ces
fêtes, dans toutes ces représentations, je n'ai vu que
vous, mon idole de tous les instants !..
   — Assez, monsieur le baron ! et ramenez-moi immé-
diatement auprès de mon père !..
   -— Pourquoi donc cette froideur, Madeleine, je vous
en prie ?.. Si vous saviez comme je vous aime, vous ne
me traiteriez point de la sorte!.. Mais, là-haut, dans
mon rude castel, je ne pense qu'à votre beauté radieuse,
et le jeune soudard, l'intrépide guerroyeur s'adoucit à
votre nom! Oh! si vous deveniez un jour mon épouse
bien-aimée, comme nous serions heureux !..
   — Impossible, monsieur, impossible!., ne me parlez
plus de cela!..
   — Comment ! impossible !.. Dire un mot pareil au fils
du haut et puissant baron de Crussol !.. Mais si je le
voulais, savez-vous, mademoiselle, que je pourrais me
venger de votre refus, et me venger sur un être qui vous
est malheureusement trop cher, puisque c'est là l'obstacle
qui s'oppose à mes vœux !.. Vous ne pouvez pas le nier :
vous aimez un jeune homme...
    — Je ne le nierai point, monsieur, je suis fière de cet
 amour !
    — Voyez-vous cela! Je l'avais deviné!.. Je sais le
nom de mon rival !.. Eh bien ! si cela me plaisait, je le
briserais aussi facilement que je brise cette épée!..