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212                 LA FONTAINE BU DIABLE

l'autre, je t'en prie, parle-moi d'elle, nourrice, parie-
m'en toujours !.. Dis-moi si je lui ressemble et si elle
m'aurait aimée ?..
   — Ah ! certes, ma chérie, vous êtes son portrait frap-
pant, peut-être encore plus du côté de l'âme que du
corps, et quant à vous aimer, qui donc ne le ferait pas ?..
Il faut le cœur dur de Mme de Faventines , ii faut vrai-
ment son égoïsme pour résister à l'affection que vous
inspirez dès l'abord !
   — Mère Yvonne» je prends souvent dans mes bras ma
jeune sœur, je la caresse, je lui dis tout ce que mon ami-
tié pour elle me suggère, mais l'enfant, élevée par sa
mère, est indifférente et ne répond pas à mes avances.
Ecoute, nourrice , lorsque vient la nuit, et que je réflé-
chis combien je suis délaissée, je sanglote sur mon oreil-
ler, en appelant ma mère... Quelquefois j ' a i cru la voir
dans mes songes ; elle était plus belle que jamais , je
t'assure ; elle penchait sa tête sur moi, m'embrassait
longuement et murmurait : Madeleine!.. Madeleine!...
d'une voix si douce, que rien au monde ne pourra jamais
effacer cet accent délicieux... pas même...
   La jeune iiiie s'arrêta... mais Yvonne, avec la double
vue de l'amour maternel, sourit nnement, regarda Ma-
deleine et ne répondit pas.
   — A propos, nourrice, je voudrais te conter quel-
que chose qui me paraît inexplicable. Depuis mon
retour, tu sais que j ' a i vu deux fois, ici , mon frère Jo-
seph. Eh bien ! ii n'est plus le môme avec moi. Ne suis-
je pas sa sœur, cette petite Madeleine qu'il aimait tant, et
avec laquelle il a joué dans son enfance ?.. Il pâlit et rougit
tout à la fois et ne me dit pas graud'cliose... sa main a
tremblé enserrant la mienne... c'est à n'y rien compren-
dre ! Il ne m'aime peut-être plus, oa bien il estmaiade ?..