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202               LA FONTAINE DU DIABLE.

de feu avec plus de célérité encore, et les éclats de la
foudre de devenir plus terribles ; — c'était beau d'une
beauté sublime, mais épouvantable. Enfin, les cataractes
du ciel s'ouvrirent, une pluie torrentielle vint inonder la
 plaine et fouetter les rideaux d'un carrosse, véhicule en-
core si rare à cette époque, dont les chevaux s'arrêtaient
net quelquefois ou bondissaient de frayeur.
   — Jacques, allez toujours , disait une belle voix de
femme , nous arriverons bien, cette nuit , au castel
 d'Etoile.
   On était alors sur le chemin qui conduit de Valence
 aux Beaumes, mais du côté de ce quartier appelé Faven-
tines, où l'on peut voir les plus belles eaux des alen-
tours. Tout à coup, des cris d'adolescent s'élevèrent :
   — Pour Dieu ! madame, n'allez pas plus loin, ou il
vous arrivera malheur !..
   — Qu'est-ce donc ? reprit la voix de femme.
   Soudain , entre deux grands éclairs, les interlocuteurs
s'aperçurent, et ces mots se croisèrent vivement :
   — Oh ! la belle dame !..
   — Oh ! le joli garçonnet ! Comment te nommes-tu,
petit ?
   — André le blondin, pour vous servir, madame.
   — Que fais-tu là, dans cet affreux moment ?
   — J'aime l'orage et je voulais en jouir ; moi, je n'ai
     •
peur de rien, mais il faut que je vous avertisse du
danger.
   — Et de quel danger, bonhomme ?
   — Dam ! vous êtes près de la Fontaine du Diable ; il
n'est pas prudent de passer là, un soir d'orage. Venez
dans ma maisonnette, qui n'est pas éloignée ; venez , je
vous en conjure, je vous expliquerai la chose, et ma mère
sera heureuse de vous faire bon accneil.