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POÉSIE. Oui, vous êtes plus doux que les précieux baumes Que l'abeille ravit au calice des fleurs, Saint amour d'une mère ! et de divins arômes Echappés de l'Eden ont formé vos douceurs. Contre l'effort du mal, quelles sont donc vos armes ? Quel pouvoir surhumain Dieu mit-il dans vos cœurs ? Augustin fut sauvé par sa mère en alarmes Et l'enfer conjuré succomba sous des pleurs. Comme la lampe d'or qui brille au sanctuaire Et guide dans la nuit l'enfant vers le saint lieu, Eclairant le chemin de sa douce lumière, C'est cet amour sauveur qui nous conduit à Dieu. Je veux toujours marcher à cette clarté sainte, Sûr de ne pas errer aux sentiers ténébreux ; Comme les rois pieux, qui, sans aucune crainte, Traversaient le désert en regardant les cieux. Et si, dans l'avenir, la voix de la patrie, M'appelait à l'honneur de lui prêter mon bras, Couvert du souvenir d'une mère chérie, Je courrais au devant d'un glorieux trépas. Non, je ne craindrais pas que mon âme faiblisse, Car elle me dirait, oubliant sa douleur : « S'il faut que quelque chose en toi, mon fils, périsse, « Oh ! que ce soit ta vie et non pas ton honneur » En la voyant aimer, j'apprends comment on aime, En voyant ses douleurs, comment on doit souffrir, Qu'en ce monde souvent pendant longtemps on sème Et que ce n'est qu'au Ciel qu'on pourra recueillir.