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154 L'ORDRE DU MOMENT « Lorsqu'une chevalière aura offensé un chevalier, la « grande maîtresse réunira au moins quatre cheva- « lières et quatre chevaliers de l'Ordre ; la coupable se « présentera devant le chevalier offensé avec une branche « de houx à la main, s'inclinera devant lui jusqu'au mo- « ment où celui-ci voudra bien rendre le salut ; alors, un « des chevaliers assistants, à qui la grande maîtresse « remettra une bougie allumée, dira à l'offensé : Qu'est « devenu le moment? Ce dernier répondra : 11 est passé, « et prendra la bougie des mains du chevalier assistant « et mettra le feu à la branche de houx que tient la cou- « pable ; celle-ci la laissera tomber et dira : Il est passé « pour ne plus revenir. Alors le chevalier s'inclinera et « donnera l'accolade à la chevalière,que le chevalier re- « conduira à sa place, en lui donnant la main. Si c'est « un chevalier qui a offensé une chevalière, le même cé- « rémonial aura lieu, seulement, il restera un genoux à « terre, devant celle-ci,au lieu de s'incliner comme elle, « et quand il se relèvera, elle lui donnera la main et ils « iront tous deux s'incliner devant la grande maîtresse, « qui dira au grand maître : Est-ce le Moment? Si celui- « ci répond : Oui, la chevalière offensée donnera sa joue « à baiser au coupable, qui après s'inclinera et retour- « nera à sa place. » J'ai trouvé dans les papiers de mon père, qui avait re- cueilli avec beaucoup de soins tout ce qui était relatif à ma famille maternelle,une note ainsi conçue: Renseigne- ments à prendre sur l'Ordre du Moment chez M. de Do- lomieu et chez M. Bareil. Or, il y a cinquante-six ans de cela, et voici probablement tout ce qu'il avait pu se pro- curer, puisque c'est joint à la note : Satire sur les cheva- liers du Moment et histoire de la belle Mion Marguerite de Foiron. Voici donc une de ces satires ornières dont parle Mme Pascal :