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LE MYTHE o'w. 91 lousie d'Héra veut une revanche, et cherche de nouveaux moyens de lui nuire ; elle charge les Curetés de faire dis- paraître l'enfant. lo se met à la recherche de son fils ; elle erre à travers toute la Syrie, retrouve Epaphus chez la femme du roi de Bihlos, retourne avec lui en Egypte, et y épouse le roi Télégone (1). « Alors , ajoute le mytho- lographe , elle consacra une statue à Déméter, que les Egyptiens appellent Isis , et elle-même fut appelée par eux du même nom d'Isis. Epaphus plus tard régna sur les Egyptiens, épousa Memphis, fille de Mlus, fonda une ville à laquelle il donna le nom de son épouse, et eut de son mariage une fille nommée Libye, en souvenir de laquelle tout le pays a depuis porté ce nom. » Il faut noter dans ce bizarre récit, à côté de cette cu- rieuse transformation de la géographie en histoire , le mélange d'éléments hétérogènes qui viennent de si loin se fondre aux bords du Nil. Et d'abord les Curetés , cette race sacerdotale qui semble avoir importé de Phrygie en Crète le culte de Rhéa, et qui se glorifiaient d'avoir été les nourriciers de Zeus. Voilà un élément phrygien ou crétois. D'autres viennent de Syrie, de la ville phénicienne de Biblos. Io nous est montrée sous des traits qui rappel- lent Astarté cherchant avec larmes son Adonis , et aussi Isis (car les deux mythes se touchent par bien des points) parcourant le monde pour retrouver soit son époux Osiris, soit son fils Horus, qui souvent semblent se confondre. Apollodore finit par identifier la grande déesse égyptienne avec la jeune Grecque d'Argos. Ainsi l'Argolide, la Crète, la Phénicie, l'Egypte ont contribué à la formation de cette légende. Il semble qu'elle résume au moins quatre fables (1) Eusèbe. (Chron. adann. 481) fait de Télégone l'époux d'Isis et le père d'Epaphus, — Hérodote (II. 153 ; III. 27), identifie Epaphus et Apis.