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on sait que cette ville avait pris en quelque sorte Io pour
patronne ; au témoignage de son annaliste Hésychius de
Milet, qui a écrit, au vie siècle de notre ère, un livre sur les
Origines de Constantinople (1 ), on montrait dans les belles
prairies appelées aujourd'hui les eaux douces d'Europe le pâ-
turage où jadis avait erré la malheureuse amante de Zeus.
On attribuait la fondation de Byzance à son petit-fils By-
zas, né de sa fille Keroessa, ou la Cornue, nom qui rap-
pelle l'attribut par lequel peintres, sculpteurs et poètes
caractérisaient Io, Enfin, les monnaies représentaient une
vache, tantôt seule, tantôt sur un dauphin, emblème du
passage de la vache mythique sur les eaux du Bosphore.
    Les anciens, on le voit, ne manquaient pas de bonnes
raisons pour affirmer qu'Io, dans ses courses vagabondes,
avait passé d'Europe en Asie par ce bras de mer. L'esprit
des peuples primitifs, comme celui des enfants, éprouve
le besoin de mettre une sorte de logique dans ses plus
bizarres divagations. Une fois admis que la jeune Ar-
gienne changée en vache avait, sous cette forme, par-
couru le monde, partout où le nom d'un lieu éveillait l'idée
d'une vache, elle avait dû passer là. L'hypothèse d'Ott-
fried Millier n'est point nécessaire pour expliquer le sou-
venir d'Io sur les rives du Bosphore ; le nom suffisait.
C'est une simple association d'idées dont la langue est
l'origine. Mais aussi il fallait faire passer Io par le Bos-
phore cimmérien ; Eschyle et Euripide n'y ont pas man-
qué, et ainsi s'est peu à peu dessiné son étrange itinéraire.
   .A la fin de son récit, Apollodore abandonne la vraie
légende grecque pour nous introduire dans un monde
tout différent. Io a recouvré la figure humaine , elle est
devenue, sur les bords du Nil, mère d'Epaphus. La ja-

     (1) Edid. .1. Conrad Orelli Leips, 1820, in-8.