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382 LITURGIE. cles ; et cela ne doit pas surprendre ; la musique elle-même, beaucoup plus précise dans ses indications, était encore au siècle dernier notée d'une manière très-sommaire. Il n'y avait que la charpente, pour ainsi dire, de la mélodie, dont les accessoires indispensables se transmettaient par l'enseignement oral. Rossini est, je crois, le premier qui, vu la décadence des écoles de chant, se soit astreint à noter en détail ses intentions et ses traits. Vouloir recourir, pour bien transcrire le plain-chant, à la notation en neumes des manuscrits, c'est une plaisanterie. Les munies sont des hiéroglyphes dont on peut trouver une clef, mais, une fois trouvée, cette clef est loin .d'ouvrir toutes les portes, et beaucoup de choses restent obscures si l'on n'a pas recours à la tradition et si l'on ne tient pas compte des évolutions du goût, des aptitudes musicales et des règles liturgiques des diverses contrées. Sur le mot creasti, la nouvelle notation remplace le si bémol par un si naturel, qui donne au chant une fausse relation et un aspect peu grave. Il est possible encore que le demi-ton ne se trouve pas dans les anciens livres, ou qu'il ait disparu par suite de transposition, bien qu'il fût géné- ralement pratiqué et imposé à toute oreille musicale. Voici encore un autre exemple dans l'intonation de l'an- tienne Ave regina cœlorum, il y a au nouveau chant un si naturel d'un mauvais effet et que je trouve bémol dans un manuscrit lyonnais de 1715. Le chant du verset qui suit l'hymne des vêpres a été arrangé d une façon si baroque, et chargé de tant de notes hétéroclites, que l'on ne peut ni l'exécuter correctement, ni préciser le ton auquel il appartient. Le Libéra de l'office des morts a été entièrement abîmé, les médiantes de certains versets de psaumes ont été trans- posées de manière à dénaturer le sens ou à le rendre inin-