Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
342            ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS.

notre bon sel gaulois, seraient bien mieux, ce me semble,
à notre taille et plus à portée de DOtre imitation, que les
roucoulements de palumôes et les perpétuels gémisse-
ments, avec lesquels se tourne et se retourne sur sa cou-
che solitaire le chantre assermenté de la belle Avignonaise.
Du divin poète — pour les Italiens, si enclins à l'exagéra-
tion, tout est divin — du divin poète donc, puisque divin
il y a, nous prendrons ce surtout en quoi il excelle, à sa-
voir ces rentrées ou épisodes, souvent risqués , mais
toujours si bien tournés, à l'aide desquels il se joue si
adroitement de son lecteur, et réussit à prolonger l'atten-
tion, sans jamais la lasser, pendant les vingt-quatre chants
dont se compose son poème, mi-partie burlesque et mi-par-
tie héroïque.
   Vient en première ligne, l'épisode si connu et si souvent
reproduit, des amours d'Angélique, la cruelle Alcimadure
du patito Roland, avec le berger Medor. Le poète débute
avec art par la description d'un duel terrible entre deux
prétendants au cœur de la princesse du Cattay, le paladin
Renaud, l'Achille chrétien, d'une part, et de l'autre, le sar-
razin Ferragus, le bouillant Ajax du poème, qui tous deux
pour le moment, et faute de mieux, se disputent, à grands
coups d'épée, la paisible possession de l'objet aimé. Mais,
tandis qu'inattentifs à tout autre objet, les deux combattants
assourdissent les échos de la forêt du bruit des coups qui
tombent, dru comme grêle, sur leur épaise armure, la -peu
sensible Angélique, lasse d'attendre l'issue problématique
d'un combat dont elle doit être le'prix, l'œil au guet, la jambe
tendue, le sein palpilant, se glisse en catimini derrière l'é-
pais feuillage, et s'en va, chevauchant en toute hâte, sur le
cheval de l'un d'eux, en quête de nouvelles aventures, aux
risques de devenir la proie d'un troisième larron.


          Qualpargoletta dama, o capriola,
       Che, tralle frondi del nallio boschetto,
       Alla madré veduia abbia la gola