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3 0 0 CHASSE A LA GRIVK. monte au sommet des taillis, le danger existe encore. Il saute à droite, il saute à gauche, partout l'effluve l'im- pressionne; il regarde et ne voit rien; il écoute et n'entend rien. Il crie, s'impatiente, claque du bec, s'irrite, creuse sa mémoire, sonde son cerveau, se demande si ce danger lui a déjà apparu? Il ne se souvient de rien. Ses parents, dans son enfance, ne lui ont pas révélé ce danger. Est-ce une bête féroce qui est devant lui? Il la provoque comme il fait du loup, du renard, de la fouine; rien ne ré- pond. Est-ce la chouette ? Il la verrait, et d'ailleurs, il la connaît, il l'a combattue et poursuivie assez souvent. Il se rassure, s'encourage; il crie plus fort pour n'avoir pas peur; son estomac le tiraille; il faut en finir, le déjeu- ner est là -bas et les autres auront bientôt tout pris ; c'en est fait, il vole en avant. Au premier coup d'aile, il est dans les mailles du filet; il est captif, le filet tombe et un poids immense pèse sur lui. Alors, il pousse des cris déchirants, le désespoir inonde son cœur. "Voilà donc ce danger qu'il pressentait; il aurait dû le deviner, fuir en arrière, faire un grand contour, au besoin attendre sous bois. Ah! le malheureux qui s'est laissé surprendre, ah! l'infortuné qui va mourir, mourir, lui, si fin et si rusé, pris au piège lui si méfiant. Au se- cours! vous autres, au secours ! Mais c'est bien pis, voilà le chasseur qui se précipite en se baissant; les cris et les sauts redoublent à son ap- proche; il essayerait volontiers les coups de bec, mais il est trop gêné. Une main leste le saisit, et du pouce et de l'index, lui écrase la tête; il a vécu. Le chasseur retourne en courant à sa bigue ; le filet est rapidement relevé ; un grand silence se fait à nouveau. Voilà qu'un coup;de sifflet retentit dans le bois; c'est un cri aigu comme celui de la balle sur le champ de bataille, et au même instant passe droite et rapide une masse qui donne dans le filet.