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C H A S S E A LA G R I V E DANS LE BUGEY Le printemps fuit, l'été s'avance, et les chasseurs in- quiets se demandent ce que sera la chasse cette année? Les Chasseurs ! la Chasse ! mots magiques, enivrants ! Quelles pensées ils éveillent, quels tableaux ils dressent et déroulent devant l'imagination ! Quel monde est évoqué depuis Nemrod mon ancêtre jusqu'au braconnier mon voi- sin ! depuis le tigre, gibier de l'Inde, jusqu'au becfigue, gi- bier de nos climats, depuis la fronde ou la flèche jusqu'au Lefaucheux perfectionné, depuis la jungle humide, la fo- rêt vierge ou le désert jusqu'à l'enclos plantureux qui touche à la ferme, à la vigne où trotte la perdrix, au chaume où tourne le miroir, piège perfide que l'alouette curieuse contemple du haut des airs ! Les Allemands souillent encore le sol de notre patrie, Paris était naguère en feu, le commerce est détruit, la ci- vilisation agonise ; fuyons à tire d'aile cette terre de tristesse et de découragement et, pour reprendre haleine, réfugions nous un instant dans, les régions sereines de la jeunesse et des souvenirs. La Chasse ! quelle passion saine et fortifiante! comme elle élève l'esprit et purifie le cœur en amenant par sur- croît avec elle la bonne humeur et la santé: Quels biens elle verse sur le monde ! Demandez-le au souverain que suit toute une armée de courtisans, de belles dames, de gardes et de piqueurs, à l'opulent propriétaire qui massacre un gibier que des rabatteurs poussent par troupeaux devant