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2o(i             LES CHASSEURS   ni;   RK.NNKS,

    — Ce n'est point cela, reprit I-ka-eh. Les bêtes puan-
tes ont hurlé trop près de nous cette nuit; et nous avons
pensé qu'il était prudent de nous mettre ici à l'abri de
leurs attaques.
    — Qu'appelles-tu les bêtes puantes ? reprit le chef.
    — Toi et les tiens.
    Les jeunes hommes firent un mouvement d'impatience ;
rien ne trahit la pensée intime du vieillard.
    — Les cadavres de nos frères, continua-t-il, sont éten-
dus sans sépulture au pied des rochers, et les corbeaux
leur ont déjà arraché les yeux. Est-ce ainsi que l'on re-
çoit les étrangers et que l'on pratique l'hospitalité chez
les Chasseurs de rennes ?
    — Où donne-t-on l'hospitalité aux loups qui rôdent la
nuit ? Il n'y a que les lâches et les traîtres qui cachent
 leurs pas dans les ténèbres.
    — Tu parles comme une femme et tu dissimules ta
pensée. Les lâches et les traîtres sont ceux qui atten-
 dent dans l'ombre et qui tuent sans se montrer. Tes hom-
 mes ont massacré nos frères, et nous venons te demander
 le prix du sang.
    — Eh bien! va faire ta plainte aux pierres qui les
 ont écrasés ! Je n'ai rien de plus à te répondre.
    .Trouvant I-ka-eh peu parlementaire, j'intervins dans
 le débat.
     — Tes frères, dis-je au vieux chef, ont eu le sort
 qu'ils méritaient. S'ils étaient venus nous demander l'hos-
 pitalité, ils l'auraient reçue. Mais leur promenade noc-
 turne n'avait pour but que de s'emparer du Rocher par
  surprise, de s'y établir et de nous dicter de là leurs lois
  et leurs volontés. Tu sais cela mieux que moi, et tu n'as
 point à t'étonner de. l'accueil que nous leur avons fait.
 Cette question me paraît donc jugée, et, laissant «le côté