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niser à grand peine, dans l'obscurité, un abri provisoire
en dehors à l'aide de quelques peaux de renne que j'éten-
dis sur des bâtons, et des pierres que j'entassai pour
m'élever au-dessus de l'eau. Grelottant de froid, mouillé
jusqu'aux os, accablé de fatigue, je m'endormis, malgré
les gouttière;.; qui m'inondaient et en dépit des efforts
que je lis pour me tenir éveillé. Je commençais à com-
prendre que la vie sauvage n'est point précisément une
idylle.
   Mon sommeil ne fut pas long. Un événement imprévu
vint brusquement l'interrompre, et mettre le comble à
à ma détresse. Le toit improvisé qui m'abritait tant bien
que mal s'était écroulé subitement, au risque de m'écraser.
Ma couche pierreuse s'ébranlait sous moi; le sol oscil-
lait; une immense clameur s'élevait par tout le village,
et l'on entendait en tous sens les huttes craquer et s'ef-
fondrer. Je me dégageai rapidement des débris sous
lesquels j'étais enfoui, et je ne pus me relever et me tenir
debout qu'en saisissant un piquet qui, par bonheur, se
trouva sous ma main. Le sol paraissait glisser rapide-
ment vers le fond de la vallée, comme s'il se fût tout à
coup détaché de la base des rochers. Puis le mouvement
diminua graduellement et le calme se fit.
   Je crus d'abord à un tremblement de terre. Comment
expliquer autrement cet étrange phénomène ?
   Une terreur indicible s'était emparée de tous les habi-
tants affolés, et rien ne peut donner idée de la confusion
qui survint. Des femmes, des enfants couraient en tous
sens en poussant des cris. On se heurtait dans l'obscu-
rité et l'on se renversait dans la boue et dans l'eau. Tous
les feux étaient éteints ; les trois quarts des huttes ren-
versées ou inondées.