Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                    CLADDIUS SOULARY.                  207

peut-être, par quelques paroles sages, le ramener au tra-
vail ; mais ce père trop indulgent écrivait à son fils :
« J'ai reçu une lettre de ton maître, il est content de tes
« progrès quoiqu'il prétende que tu ne travailles pas
« assez; tu n'a pas besoin d'ailleurs de trop te fatiguer ;
« tant qu'il y aura du pain sur la planche, il y en aura
« un morceau pour toi. »
  En fallait-il davantage à un jeune homme livré à lui-
même pour qu'il se laissât aller en fermant les yeux aux
séductions et aux entraînements de la vie parisienne ?
   Soulary est resté ainsi pendant dix ans dans la capi-
tale, luttant sans cesse contre ses passions, vainqueur
quelquefois, vaincu souvent. Il a passé de la sorte trois
ans chez Girodet, quatre ans chez Gros, trois ans en
dehors de tout atelier. C'est pendant ces trois dernières
années qu'il a peint son tableau du Comte Ugolin, du
musée de Lyon. Lorsqu'il l'eut presque achevé, il le sou-
mit à Gros, son ancien maître; celui-ci l'embrassa devant
tous ses élèves en disant : « Voilà un artiste qui me fera
« honneur un jour. » Géricault avait manifesté l'intention
d'acheter ce tableau, mais l'auteur donna la préférence
à sa ville natale.
   Cependant, des malheurs de famille vinrent bientôt
fondre sur notre ami et le rappeler aux plus tristes
réalités de l'existence. Il se vit réduit brusquement à
demandera sa palette le pain de chaque jour; les rêves
de gloire faisaient place aux dures nécessités de la vie.
C'est alors qu'il revint à Lyon où il ouvrit un atelier.
   Le témoignage des artistes lyonnais de cette époque
nous a appris qu'il n'y avait jamais eu d'exemple d'un
pareil début ; les élèves désertaient les anciens ateliers
pour affluer dans le sien ; la ville lui commanda sur ces
entrefaites un autre tableau (Saint Irénée refusant de