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                    LES CHASSEURS DE RENNES.               473

     l i m e montra une longue perche debouleau où pendaient
  de petits hameçons en os qu'il avait fabriqués lui-même.
    —• Pourrez-vous faire du feu ?
    — J'ai ma loupe, et les pans de mon habit de drap noir
  sont assez vieux pour me servir d'amadou. Je trouverai
 d'ailleurs du bois sec sur ma route et j'en ferai provision
 pour les jours sans soleil.
    11 n'y avait rien à dire à cela. La nuit étant venue,
 nous nous étendîmes pour dormir. Je comptais sur le
 sommeil pour inspirer à l'intrépide voyageur de plus sa-
 ges réflexions.
    Le lendemain j'étaïs seul quand je m'éveillai. Mon
 compagnon était parti sans me dire adieu, probablement
 pour éviter les émotions d'une séparation qui pouvait être
 longue.

                           XXVIII

    — Eh bien ! m'écriai-je intérieurement, que ce vieil
 entêté aille où bon lui semblera ! A son âge on doit savoir
 se conduire tout seul ; advienne que pourra !
    Livré à moi-même, je m'abandonnai à tous les entraî-
nements de la vie sauvage, et j'employai une partie de
la matinée à des soins de toilette. Mon maquillage fut
renouvelé à l'aide d'une terre ocreuse du plus beau rouge,
que j'avais recueillie moi-même dans une fente de rocher,
et pour profiter de l'opération chirurgicale que m'avait
fait subir I-ka-eh, j'eus la coquetterie de m'introduire
délicatement l'Epine d'honneur dans la narine gauche.
J'étais irréprochable ; un vrai cocodès préhistorique.
   Heureux et satisfait, je sortis. Le ciel était pur, chose
rare ; l'air tiède, et le soleil chaud et bienfaisant. C'était
une de ces belles matinées où le cœur se dilate, où l'es-