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186                    CHRONIQUE LOCALE.
de sacrifices. Espérons que les matériaux que ce savant travail-
leur avait amassés pour achever ses recherche s , ne seront pas
perdus, et qu'une main pieuse, en les publiant, tout en satis-
faisant les désirs des Lyonnais curieux de connaître le passé de
notre cité, ajoutera un nouveau fleuron à la couronne de sou-
venirs littéraires de l'écrivain qui avait voué sa plume à l'his-
toire de son pays.                              JACQUET H.

                    CHRONIQUE LOCALE

   En remontant aux âges les plus reculés de notre histoire, on trouve
le souvenir d'une catastrophe qui mit notre malheureux pays à deux
doigts de sa perte.
   11 paraîtrait, car tout est obscurité dans les événements de cette
époque oubliée, qu'un peuple venu du Nord anéantit nos armées, nous
enleva nos plus belles provinces et ruina le pays par les plus intolé-
rables exactions.
   Profitant de ces désastres et les favorisant, une secte impie détrui-
sit nos édifices et nos monuments, massacra les citoyens les plus ver-
tueux, changea nos lois et nos mœurs, supprima le culte et voulut ra-
mener nos pères à la vie de la sauvagerie.
   Nos bons ancêtres se soumirent assez docilement, seulement ils se
réunissaient à l'anniversaire de nos désastres pour gémir et pour
pleurer.
   Bientôt le souvenir de leurs défaites s'effaça, ils s'habituèrent à la
honte, et l'époque où ils s'assemblaient dans les larmes et le deuil
devint un temps de divertissement et de plaisir.
   Depuis lors, au commencement du mois d'août, dans les villes et
les campagnes, chaque année, en souvenir de Reichshoiïen et de
Sedan, on illumina et on pavoisa, c'était une réjouissance univer-
selle.
   On donna des concerts et des fêtes ; on eut des joutes sur l'eau, des
tirs, des courses, des danses, des fanfares, des spectacles et des bal-
lons.
   On célébra en plein air la dégradation de la jeunesse ; on lui dit
qu'il n'y a pas de Dieu, pas de culte, pas d'obéissance, pas d'autorité ;
qu'après le corps tout est bien mort et qu'il faut jouir de la vie pen-
dant qu'on le peut.
   La joie débordant de toutes parts, on invita les peuples voisins à la
partager.
   Puis les alliés et les voisins ne suffisant plus, on appela les peuples
lointains, les indifférents, les inconnus, jusqu'aux antipodes et aux
sauvages.
   Enfin, faisant un effort, on but la honte et on invita même les féro-
 ces ennemis qui avaient détruit nos cités et incendié nos villages- On
les acclama au nom de la fraternité et de la solidarité des peuples.
Les fêtes furent magnifiques.
   Quand il n'y a plus de patrie, on est bien près de n'avoir ni hon-
neur ni dignité. Ces temps sont loin, heureusement.
   Aujourd'hui, nous avons repris toute notre fierté, toute notre puis-
sance.