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LES RICHESSES DE M. ALEXIS 1S3 Leur présence seule dans le cabinet de M. Alexis suffirait pour attirer l'attention des administrateurs et des artistes de notre ville, les uns pour admirer, les autres pour acquérir ces ma- gnifiques créations. Mais il y a bien d'autres précieux chefs- d'œuvre, bien d'autres sujets lyonnais dans cette galerie, dont l'âge avancé de son possesseur fait craindre, fait prévoir une prochaine dispersion. A qui vont aller ces eaux-fortes de Boissieu, ces vues de Pille- ment, ces toiles de Greuze, ces dessins de M. Alexis lui-même, rappelant les curiosités de notre vieux Lyon ? Espérons que leur possesseur en jouira longtemps encore ; mais veillons à ce que nos musées ne les laissent pas échapper. Il y a des morceaux uniques, indispensables pour nous. A l'autorité, aux amis des arts à y penser. M. Alexis a déjà piiévu ce moment et, par son testament, il donne à sa ville natale la toile magistrale d'Holbein, le Marché de Saint-Just, par Bellay et son portrait à lui par Trimolet. Remercions d'avance le généreux donataire, et n'attendons pas qu'il ne soit plus, pour lui adresser nos patriotiques remer- ciements. Mistral a, dans ses vers, immortalisé l'humilité et la vertu d'un berger méconnu; puissent ces quelques lignes éveiller l'at- tention sur un homme modeste et simple aux yeux du vulgaire, mais qui fut grand par son amour du beau, sa passion pour l'art, sa ténacité à se créer au prix de toutes les privations, un musée riche, envié, comme en ont seuls les favoris de la fortune. Puis- sent enfin ces notes rapides et trop superficielles, apporter quel- que joie dans l'esprit de ce vieillard qui saura que la presse n'a pas uniquement pour préoccupation de flatter les grands et les heureux, mais qu'elle sait aussi courtiser le mérite dans quelque rang où Dieu l'ait placé. Aimé VINGTRINIEK.