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                   LES CHASSEUAS DE RENNES.                 121

 de la précieuse matière. On la débitait sur place, avec son
 eau de carrière, en longs et larges éclats, qui étaient en-
  suite confiés aux mains des femmes et même des enfants.
 Le silex est fragile ; il se brise comme du verre, et ses
 éclats, fort tranchants, peuvent fournir d'excellents cou-
  teaux et de bons outils. Mais ce tranchant s'émousse
  vite, et l'instrument est alors bon à mettre au rebut. De
  là, une énorme consommation qui entrainaît une fabrica-
 tion incessante et très-active.
    Le silex était vraiment une des matières les plus précieu-
  ses et lesplus indispensables à cette rude époque. Iljouait le
  même rôle que le fer dans les sociétés modernes. Mais
  toutes les substances dures ou pesantes, les grès, les
  porphyres, les quartzites, les schistes, les minerais mé-
 talliques, étaient recherchés pour servir de marteaux,
 pour casser les os ou tailler le silex. A ce compte, on
 pourrait dire que les gens de Solutré n'ignoraient point
l'usage des métaux. I-ka-eh brisait les os, pour en re-
 cueillir la moelle, dont elle était très-friande, avec un ma-
  gnifique échantillon de minerai de fer. L'outillage
 d'une hutte constituait une véritable collection minéra-
 logique de toutes les roches de la contrée et venait affir-
 mer déjà, à cette époque primitive, ce don merveilleux
 d'observation et de recherche qui est la grande puis-
 sance de l'homme. On tenait déjà la clé de l'avenir! Mais
 entre le marteau d'I-ka-eh et les marteaux pilons du
Creuzot, quelle distance ! Et cependant la substance
était la même. Les besoins, qui ne changent pas, enfan-
tent les industries et le temps les développe. Tous nos
progrès, à égalité d'aptitude et de races, se résument en
une question de temps.
   Un fait me frappait à Solutré. C'était le soin, la pa-
tience, je dirai même l'art et la recherche avec lesquels