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/"--• L'ORATOIRE BE JOACHIM DE MAYOL. 65 mœurs. On y estime la terre plus encore que l'usine et le haut- fourneau et, par une conséquence naturelle, par une pente douce mais irrésistible, on y aime les vieilles familles, les vieux habitants, les fils du sol. On y est attaché aux vieux usages, aux coutumes antiques, aux traditions profanes et sacrées et si on voit l'élégant parvenu d'un œil de méfiance, on s'y allie avec empressement, par l'amitié ou par le sang, aux familles plus modestes dont on connaît le passé loin- tain et dont les chefs portent un nom vénéré depuis de nom- breuses générations. Entre le Rhône et la chaîne des Cévennes s'ouvre une large coupure qui s'étend jusque non loin de la bruyante et laborieuse fourmilière stéphanoise. Trois hautes montagnes entourent un vallon fertile, où croissent la vigne et les mû- riers; des blanchisseries, des papeieries, des moulinages, des métiers à tisser les lacets, les rubans et les fines étoffes de soie, y apportent une heureuse aisance, mais l'agricul- ture y conserve ses privilèges et ses droits; la terre bien cultivée y est reconnaissante, et ses produits ont une réputation de supériorité si bien acquise que, sur les mar- chés des villes voisines, ils sont enlevés à un prix supérieur à celui de tous leurs rivaux. La petite ville qui étale dans ce riant pays ses jolies rues, ses trois places et ses promenades enviées par de plus gran- des cités, est, on l'a nommée, Bourg-Argental, la patrie de S. E. le cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, de Jean Paterne de Rouchouse le navigateur, de Matton de la Cour, de Bollioud-Mermet et le berceau de plusieurs familles anti- ques et vénérées, les Gasle, les de Harenc de la Condamino, les de Mayol de Lupé. Si Bourg-Argental plaît h l'industriel, au sinologue, à l'agri- culteur, il ne séduit pas moins le naturaliste par sa faune et sa flore, l'artiste par ses paysages grandioses, l'historien par 5