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LES CHASSEURS DE RENNES. 49 manquera ou partira pour aller chercher la tranquillité dans d'autres solitudes. — Votre sage économie aura en effet sa raison d'être un jour. Mais maintenant, ces braves gens-là sont en train de nettoyer les écuries d'Augias. La bête et l'arbre furent d'abord les plus grands ennemis de l'homme, les plus terribles obstacles à son développement : il a bien fallu qu'il s'en débarrassât par tous les moyens et qu'il en purgeât le monde. Tant pis pour lui s'il a dépassé la mesure. Nous apprîmes que les chasses de ce genre se renouve- laient fréquemment et donnaient lieu aux scènes d'intem- pérance les plus ignobles et les plus révoltantes. On n'est pas sauvage pour rien! Au retour, chaque chef de famille se retirait sous sa hutte et s'abandonnait aux mains des femmes, qui lui préparaient de la pâtée de viande, de la cervelle ou de la moelle extraite des os. L'époux, étendu sur le dos, n'avait pas même la peine de prendre ses ali- ments. On les lui introduisait dans la bouche avec une tendre sollicitude, jusqu'à ce que la congestion et le som- meil rendissent toute déglutition impossible. Cela durait des semaines entières. Une partie des viandes était en- terrée sous les huttes en manière de réserve et le surplus brûlé, afin d'éviter l'infection. Dans le voisinage de cha- que cabane, s'élevaient des monceaux d'os de chevaux, ce qui avait le double avantage de débarrasser l'intérieur des huttes de débris trop encombrants et de former en même temps des murs protecteurs tout autour. i\.drien CRANILE. A continuer. 4 i