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LA TESSONNE. 25 chênes, un coteau verdoyant, et la vue la plus ravissante sur la plaine, les montagnes des Biefs et la vallée de la Tessonne; il domine le ruisseau de Filerin, affluent. Quel charmant pays, quelle rivière ombreuse, bosquets, beaux arbres, vallons agrestes où jouent les grands bœufs cha- rollais ! Gà et là une ferme, un coteau de vigne brûlé du soleil ; le vignoble de Garambaud, (cela fera sourire) était un des plus renommés jadis dans ces contrées; le vin de Garambaud, vin de moines, s'il en fut, a été chanté par les poètes (1). Buvez donc, gens de Noally, soit que vous soyez de Bourgogne, de Forez ou de Brion- nais (ces trois provinces morcellaient le territoire), le verre en main humant le Garambaud, le rendez-vous est excellent à l'auberge Brivet et aux autres. L'autre fief qui s'avance hospitalier, tout au bord de la • route dans l'allée de grands peupliers blancs, est un ma- noir riche et délicieux, orné d'un parc immense. Il s'ap- pelle la Motte-Vieux et servit longtemps d'infirmerie à l'abbaye de la Bénissons-Dieu. La grâce et la charité n'y ont pas dégénéré. C'est au bord de la vallée de la Tessonne, dans ce site enchanteur, pays de verdure, de fraîcheur et de tran- quillité, que, vers le commencement du xn e siècle, l'il- lustre abbé de Clairvaux, saint Bernard, chevauchant avec son cher disciple Albéric pour aller voir le comte de Forez, arriva tout à coup. Le soleil se couchait ra- dieux derrière les montagnes de la Madeleine, la Tes- sonne miroitait, les prés en fleur embaumaient l'air, au delà du lourd clocher roman de Noally perdu dans les arbres, les riches plaines du Roannais, couvertes de châ- (1) Bibliothèque Coste, de Lyon. Discours du vin de Garambaud, où il est traité des vins du pays de Roannais, etc.; par M. de la Bellerie, Lyon, 1669, in-8.