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412           UN MARIAGE SOUS LES THOPIQUES.

  — Caramba! D. Vicente, nos étrangers ont un fameux
cortège! Toute la ville les accompagne à portée de fusil.
Adieu, vieux père, je vais faire comme les autres et savoir
un peu d'où ils viennent.
   La cavalcade avait traversé au petit pas la grande
place et, laissant sur la gauche la cathédrale dont on
apercevait la façade, elle avait enfilé une longue rue
terminée par une chapelle récemment construite sur une
croupe qui dominait la ville. A deux cuadras environ
de la place elle s'était arrêtée, et, frappant à une porte,
qui s'ouvrit à deux battants, elle entra dans un patio planté
d'orangers, où elle mit pied à terre, suivie de loin par la
multitude des curieux, qui s'écriait :
  — C'est bien chez D. Joaquin ! caramba ! d'où peut-il
donc connaître ces nouveaux venus ?
   Et la foule s'écoula en se promettant d'éclaircir un
mystère qui troublait si fort la placidité de ses occupa-
tions et la monotonie de ses discours.
   D. Joaquin, chez qui les voyageurs étaient "descendus,
était un personnage important. La richesse de ses hacien-
das, le nombre de ses fermiers le mettaient à la tête des
notables de l'endroit et, quand on le voyait au milieu de
ses dix enfants, le sourire sur les lèvres, avec une em-
preinte de bonhomie douce et serviable qui le quittait rare-
ment, on se sentait dans une atmosphère patriarcale, où le
cœur se dilatait librement. Trois jeunes femmes roses et
fraîches, dont la plus jeune Dona Carmencita, avait une
magnifique chevelure et de beaux yeux noirs fendus en
amande, aidaient àl'envi Dona Mercedes, leur mère, dont
les traits charmants s'épanouissaient gracieusement en
recevant les étrangers. D. Joaquin avait eu jadis des
relations à Buenos-Ayres, et ses anciens amis lui avaient