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LE PAGE BU BARON 1>ES ADRETS. 54(.) ses coreligionnaires, frapper un grand coup, écraser les papistes, et il comprenait que les papistes étaient des hommes, que l'humanité a des droits et que son nom, désormais flétri, ne serait plus désormais qu'un objet de répulsion et d'horreur pour la postérité. Comme l'armée s'approchait de Pierre-Seize, un offi- cier demanda le générai en chef, et, conduit devant Beaumonl, qu'entourait son état-major, lui remit respec- tueusement uupii aux armes de Condé. Par un pressentiment., comme en ont quelquefois les hommes, le baron tressaillit devant ce message et son regard plongea dans les yeux de l'officier pour lire d'a- vance ce que ce pli conienait, mais l'officier ignorait son contenu et son attitude, sous le regard du baron, ne trahit que le respect et l'indifférence. Des Adrets rompit le cachet et sa main trembla dès les premières lignes. Condé reprochait avec violence au baron ses cruautés inutiles, ses ravages, ses meurtres, ses pillages qui aliénaient les populations, souillaient la cause de la religion et déshonoraient les protestants aux yeux de l'Europe entière. Des amis l'avaient tenu au courant de l'expédition, et il n'ignorait rien de ce qui s'était passé à Montbrison el à Feurs. Condé terminait en déclarant qu'il envoyait le duc de Soubise à Lyon pour voir l'état de la ville, entendre les plaintes des catholiques et faire rendre justice à quicon- que se plaindrait, n'importe quelle fût sa religion. A cette lecture Beaumont sentit un nuage s'abattre sur ses yeux, le sang étreignit sa gorge, et furieux, prome- nant un regard autour de lui comme pour deviner la pensée de ses officiers, il donna ordre à Poncenac de