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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 535 le nom de l'humble forgeron à l'heureuse et belle cité. Ils bâtirent une église superbe sur le point le plus élevé de la ville et un clocher immense s'élevant au-dessus tous les horizons d'alentour, sembla vouloir attirer les re- gards depuis les rives sablonneuses de la Loire jusqu'aux sommets dentelés de l'Auvergne qui bornent la vue dans le lointain. Le monument chrétien qui dominait les montagnes n'attira que trop les regards du cruel général et de ses soldats; les huguenots se ruèrent sur la ville et, malgré le courage de quelques défenseurs, l'emportèrent d'as- saut ; là leur rage se signala par des actes qu'a enregis- trés et flétris l'histoire. Les agréments sans nombre de la ville, son air pur, son site ravissant, l'aménité des habitants, la source bienfaisante qui a porté si loin ie nom de la cité avaient de tout temps attiré nombre de familles opulentes du Forez. D'élégantes habitations, une architecture qui partout se montre ornée et gracieuse, indiquaient que les seigneurs quittaient volontiers leurs châteaux isolés pour s'y réu- nir et s'y reposer. Mais les ministres protestants en avaient été chassés; mais la réforme n'avait pu y prendre pied. Les hugue- nots viennent venger l'affront fait à leur parti ; ils enfon- cent les portes, violent les demeures, se chargent de ri- chesses et, las d'emporter, brisent, détruisent, pour le seul plaisir du mal, sans que leurs chefs cherchent à les conte- nir. Poncenac et Blancon gémissent ; ils sont bien aises de vaincre et d'humilier les papistes ; la ruine des Guisards est leur but; mais ils n'approuvent pas les fureurs inu- tiles. Beaumont ne trouve jamais qu'on ait assez brisé,