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                       MATTHIEU DE VAUZEU.ES.                        811

 Il savait bien, toutefois, que là n'était pas le véritable
 remède à de tels maux : il voulait que les magistrats con-
 sulaires se préoccupassent sérieusement d'assurer désor-
 mais la subsistance du peuple ; et, vingt ans plus tard,
 après avoir vu, malgré ses réclamations, la même impré-
 voyance occasionner les mêmes malheurs, dans son dé-
 couragement, et non sans quelque amertume, il écrivait :
 « Mais pour néant je cherche les remèdes pour obvier à
la famine : veu que jamais n'en sera faite aucune pour-
 suite       Quoniam, quod commune, communiter ne-
gligitur. » Il faudrait citer toute cette page, qui est fort
belle : elle met dans un jour très-vif le patriotisme éclairé
et la charité ardente de Matthieu (15).
   Une nouvelle famine, et sans doute aussi la crainte de
nouveaux troubles, donnèrent lieu, deux ans après, à la
création de XAumône générale, institution dont le pre-
mier objet était de pourvoir à la subsistance des indi-
gents qui, arrivant à Lyon des pays circonvoisins, aug-
mentaient d'autant la misère locale. L'aumône, généreu-
sement votée par les habitants de tous ordres et de tous

thieu de Vauzelles, docteur en droit, avocat de la ville et commu-
nauté de Lyon, remontra audit conseil les émotions populaires, les
assemblées illicites, tocsins, pillages, voies de fait, propos outrageants
envers le ciel et les hommes, et autres murmurations que aucuns mau-
vais garçons de la cité faisaient chaque jour sans craindre la justice
humaine et la vengeance divine. « Nous sommes trop débonnaires, ajou-
« tait-il nous sommes trop débonnaires ! Les malheureux ! que n'avons-
« nous pas fait pour apaiser leur faim, pour le soulagement de leur
« famille : leur âme et leur corps, avons-nous rien négligé X » Après
ces mots énergiques, tous les notables ranimés chevauchèrent par la
ville, et l'on fit conduire des pièces d'artillerie le long du port Saint-
Vincent sur les craintes que les paysans du plat pays de Savoie ne
vinssent seconder les mutins » (Clerjon, Hist. de Lyon, t. IV, p. 334).
   (15) Traicté des péages, p. 182.