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490 ÉTUDE SUE LE PATOIS LYONNAIS. Le triage que je viens de faire parmi les noms les plus usuels, joint à la syntaxe des verbes, indique surabondam- ment, ce me semble, l'origine latine du dialecte vulgaire en usage dans notre province lyonnaise. En effet, pour qui le parle avec l'accent ou la prosodie qu'il a retenu du latin ou de l'italien, il offre avec celui-ci des analogies telles, qu'il est arrivé plus d'une fois que des jeunes personnes de nos contrées, menées comme domestiques en Italie, parvenaient à se faire comprendre des contadine du marché en parlant, chacune de son côté, leur dialecte. Cette remarque, qui m'a été confirmée de plusieurs personnes de ma connais- •' sance, acquiert un nouveau poids de ce que rapporte un personnage dont le caractère ne permet pas de suspecter la sincérité, l'abbé Guillon de Mauléon, auteur d'une notice sur l'affinité du langage, des coutumes et des moeurs des Lyonnais et des Milanais : « A mesure, dit-il, que j'avan- çais dans la campagne milanaise, je me sentais ému à l'ac- cent des Cantilènes et aux expressions des campagnards, tant il me semblait entendre et l'accent et les expressions du bon peuple lyonnais. Oui, c'était bien là ce langage franc et naïvement incorrect e t c . » (Archives du Rhône, T. VIII, p. 277.) ORIGINES CELTES. Quelque pression qu'exerce le peuple dominateur sur le peuple conquis, il ne peut faire, toutefois, qu'un grand nombre de mots de la langue primitivement parlée par ce dernier ne continue de subsister dans l'application vulgaire. Ces noms, qu'on ne peut difficilement changer, nous les re- trouverons dans les appellations propres à désigner les instruments de travaux, usages et animaux domestiques, les productions de la terre, les noms d'hommes et de lieux, qui tous, ou presque tous, se sont transmis jusqu'à nous sans autre altération qu'un changement dans le mode de les prononcer, et d'autres fois une sorte de crâse ou de con-