page suivante »
V.
438 LE PAGE BU BARON DES ADRETS.
— La pierre des fées? reprit l'apprenti en se si-
gnant.
— Comme tu voudras, dit le fermier en retournant Ã
son travail.
L'enfant reprit, sa course et se blottit dans une épaisse
saulée à une petite distance d'un carrefour peu fré-
quenté.
Pendant qu'il attendait avec l'espièglerie d'un gamin,
la ruse et la patience d'un chasseur, qualités que l'en-
fance réunit plus souvent qu'on ne pense, deux cava-
liers sortaient du Bourg-Chanin et se présentaient de-
vant la barre au péage du pont du Rhône.
Ils n'avaient rien à déclarer, à la sortie; le gardien
leur jeta un coup d'ceil plus railleur que bienveillant
et les laissa passer sans leur adresser la parole.
A l'entrée du pont, le guet les interrogea :
— Mes seigneurs ont un permis pour voyager ? dit
l'officier qui commandait.
— Nous allons à la Guiîlotière prendre le frais, répan-
dit, en souriant, le plus âgé des cavaliers qui paraissait
être cependant d'une extrême jeunesse ; et levant son
vaste feutre, surmonté d'une plume élégante, il laissa
voir le plus gracieux visage en ajoutant : Je suis le ca-
pitaine Louis.
L'officier se retira aussitôt en faisant un profond salut
et un vieux sergent murmura entre ses lèvres :
— Pour sûr, la belle Cordière et ce mignon ne vont
pas au prêche.
Le poste applaudit à la finesse de l'observation ; quant
aux cavaliers, ils piquèrent sans se soucier du propos et
furent bientôt à l'entrée de la Guiîlotière.