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434            LE PAGE DU BARON DES ADRETS.

   — Mon plan est simple, et j'y tiens.
   — Je ne partirai pas si je dois mettre vos jours en
danger. La ville est bien gardée; si vous étiez saisie,
vous auriez tout à craindre : je ne partirai pas.
   — Louise Labbé est trop haut placée pour que sa tête
tombe. Elle a de trop hautes protections pour que la
vengeance de Beaumont monte jusqu'à elle ; et d'ailleurs
le populaire ne souffrirait pas qu un cheveu tombât de
ma tête. Si un huguenot mettait la main sur moi, la ville
aurait une émeute, et Beaumont y réfléchirait. Mainte-
nant, rentrons chez moi.
   Alors, s'approchant de l'enfant qui attendait, immo
bile, les yeux fixés sur elle, Louise lui parla d'une voix
douce, ferme et pénétrante, le couvrant de son regard,
et, par la force de sa volonté, lui insinuant dans le cœur
le fanatisme et le dévoûment.
   — Les catholiques sont persécutés, lui dit-elle ; les
églises sont fermées ; les prêtres sont en fuite ; la religion
n'existe plus : ta mère est catholique, et elle pleure, et
ton père n'ose rien dire de peur d'attirer la persécution.
Eh bien ! voilà une jeune fille catholique, comme toi,
comme ta mère ; tu vas nous aider à la sauver. Prends
ce billet, ajouta-t-elle, après avoir saisi sa plume et son
écriloire qui pendaient à son aumônière ; porte-le au
fermier de la Part-Dieu, en lui disantquetu viens de
la part du capitaine Louis; qu'il nous prépare ses deux
meilleurs chevaux, et, ta commission faite, tu nous
attendras sous les arbres pour nous dire si la route est
libre et s'il y a des huguenots de ce côté.
  — Oui, madame.
  — Tu garderas ton secret pour toi.