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428            LE PAGE DU BARON DES ADRETS.

huguenot d'un regard si plein de reconnaissance et de
tendresse que Blancon à son tour troublé se jura de
sauver ces jeunes tôles si charmantes, sauf à demander
sa récompense plus tard.
   Comme il l'avait prévu, Berthe et Philomène gagnè-
rent, sans encombre, une belle et opulente maison con-
nue sous le nom d'hôtel de Milan et résidence de Fran-
çoise de Mornay, veuve de Claude de Bourges, général
des finances du Piémont et mère de Clémence de Bour-
ges, l'illustre jeune fille poêle. Philomène, la plus cail-
lante et que son rôle obligeait à marcher la première,
entra dans la cour élégante où de nombreux domesti-
ques la reçurent; elle pénétra sans peine dans le boudoir
de Clémence et, se jetant tout en larmes dans les bras
de son amie, sans lui cacher les périls de sa position et
les dangers qu'elle ferait courir à ceux qui viendraient à
son aide, elle lui déclara le but de sa visite, lui apprit sa
fuite, ses projets, ses espérances et confia son sort ainsi
que celui de ses compagnes à ce qu'on pouvait appeler
en ce temps-là un héroïque dévouement.
   Les révolutions, les guerres, les tourmentes ont cela
d'avantageux qu'elles retrempent l'humanité, suscitent
de grands caractères et font éclore des actes sublimes,
dignes d'être offerts en exemple à la postérité. Clémence
envisagea d'un coup d'oeil la position, mais eile était
forte, ajoutons qu'elle était heureuse ; elle venait de re-
cevoir les meilleures nouvelles de son fiancé chéri, Jean
du Peyrat, qui guerroyait dans le Midi et qui parlait
d'un prochain retour. Elle promit aux jeunesfillesde les
sauver.
   — Vous prierez pour lui, leur dit-elle en baisant avec