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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 425 comme le mugissement d'un tonnerre lointain, comme le frémissement d'une troupe armée avec des gronde- ments d'animaux sauvages, des cris d'effroi de femmes et les éclats de rire de la populace et des enfants toujours sans pitié; le bruit se rapprochait rapidement; il n'y avait pas moyen de fuir. — Voici une allée ouverte, s'écria !a bourgeoise, vite entrons. Il était temps en effet de se précipiter dans l'allée et de voir passer, comme un tourbillon, la masse grondante qui renversait tout, sur son passage. C'était l'immense troupeau de porcs appartenant au couvent des Antonins qui, effrayé sur la place Confort par l'appari- tion de soldats étrangers, avait pris la fuite et plus rapide qu'un troupeau de chevaux sauvages, plus terrible que des buffles déchaînés, balayait toute la Vue dans sa lon- gueur et allait se réfugier, suivant sa coutume, autour de l'église de Saint-Nizier pour revenir par les halles de la Grenette. — Nous l'avons échappé belle, dit la petite servante blonde, pâle encore de surprise et d'effroi. —• Nous pouvions être renversées et tuées, dit la jeune servante brune. Maintenant hâtons-nous de gagner notre refuge, car nous en approchons. — Et voilà de petits minois bien effarouchés, s'écria une voix fraîche et riante, qui pourtant glaça nos jeunes filles de terreur, car elle appartenait à un officier hugue- not qui, charmé de la bonne mine du groupe, s'était carrément arrêté devant lui. — Blancon ! s'écria une des servantes, qui ne put retenir uu cri d'effroi. — Blancoo ? répéta l'officier... Eh ! quoi ? tu me con- 28