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M. GRÉGOIRE ET SES ÉCRITS. 307 critiques éclairés de leurs chefs-d'œuvre, ils ont vécu en bourgeois rangés, en paroissiens exemplaires, sortant peu de Paris, habitant la même rue, la même maison. Ames indépendantes et fières, après tout, sortes d'Àl- cestes moins irritables que le misanthrope, incapables comme lui d'aucune complaisance, adulatrice, préservés d'ailleurs par la modération même de leurs goûts et la simplicité frugale de. leur vie. Cœurs pieux et naïfs, que l'amitié a mis en garde contre l'égoïsme ; nobles esprits qui se dégagent, par le culte des lettres, de ce sillon mo- notone où l'habitude a emprisonné leur vie de chaque jour. Ils n'ont pas assez écrit pour se faire connaître du public, mais leur style ferme et clair permet au moins de les entrevoir (1). M. Grégoire ressemblait par plus d'un point â cas pieux solitaires dû grand siècle. Il en différait aussi, et la com- paraison doit s'arrêter assez vite; il avait en plus l'ar- deur de son temps, le souci des questions politiques et so- ciales, un goût moins exclusif qui admettait le beau sous toutes ses formes. En un mot, ce n'était pas un contem- porain-de Boileau; il avait donné ses premiers enthou- siasmes à Chateaubriand, à Lamartine, à l'abbé de La- mennais et au Père Lacordaire; il était arrivé à la jeu- nesse aux environs de 1830 ; ces chaudes années avaient été pour lui la période décisive, le moment où, comme (1) M Grégoire a fait un testament d'homme de lettres et de chré- tien, il a consacré les produits de son travail à deux intérêts sur les- quels il avait concentré toute sa vie ses préoccupations les plus chères : à un intérêt de charité et à un intérêt d'éducation. Il a légué certaines sommes aux hospices de Lyon et aux pauvres et fondé plusieurs demi-bourses dans les petits séminaires des dio- cèses de Lyon et de Belley. « Afin d'y élever, lit-on dans son testament, des enfants pauvres d'un esprit et d'un cœur distingués, »