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DE L'HOMME. £70 des soins de la famille, de tout ce qui le dresse sons nos yeux et qui ne suffit pas à nos savants. — Pour prouver que le hasard produit notre espèce, par la transformation, on peut encore subtiliser, abuser des analogies; mais que d'un coup de pioche, et en bêchant mon jardin, je fasse jaillir ?m académicien, un lettré de la force de mes- sieurs les novateurs, je n'y tiens plus; je m'incline, ei la résurrection de Lazare me semble plus que médiocre, en comparaison. — Dieu me devrait bien ce prodige ! « J e pense par moments, dit lord Byron, que l'homme doit 'être un débris d'une créature supérieure qui, ayant été vaincue, a dégénéré on traversant le chaos. Lorsque les éléments ont été les plus forts, lo type s'est de plus en plus enlaidi. Tels sont les Lapons et les Esquimaux. Mais, même en ce cas, les Piéadamites ont un créateur ; car il est plus naturel de s'imaginer l'existence d'un Dieu créa- tour, que le concours fortuit des atomes. Tous les fleuves, pour aller se perdre dans l'Océan, n'en ont pas moins une source (1). »— Byron songea donc, avant notre con- clave novateur, à l'origine philosophique de l'homme. Il est vrai qu'il nous crut, comme l'écriture, déchu d'un ange, et non perfectionnés d'un mandrille. Il crut que, quelle que soit l'origine d'un homme, elle atteste un créateur. Nos modernes biffent le créateur pour infroduire le mandrille dans notre genèse. C'est en cela qu'ils sont aussi neufs que nobles, et que nous devons nous féliciter de leur trouvaille. C'est que notre siècle tout matérialiste, a surtout étudié l'animal dans l'homme, et le mécanisme plus que le mo- teur. — Il n'a pas vu que les organes sont les serviteurs de l'homme, non l'homme : il n'a oublié de l'homme que son âme; il n'a remarqué que le corps; il a pris le valet pour le maître. (1) Journal de Byron, 1821.