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              LE PAGE »D BARCW DES ADRETS.              249

 bourse dans laquelle puisaient Le Tasse, Marot, Cor-
 neille et Voltaire.
    Mais jamais la mer n'est plus calme ni plus séduisante
 que la veille des grandes et terribles tempêtes. Tandis
 que Lyon était tranquille et s'embellissait, que Pierre-
 Seize donnait des fêtes, que le chef redouté des Hugue-
 nots sommeillait dans l'oubli et que catholiques et pro-
 testants semblaient avoir fait une trêve qui pouvait
 amener une paix sincère, la haine veillait et préparait
 de grands malheurs. Jacques Ruffi, le fougueux ministre,
 avait vu de mauvais Å“il cet accord qui, selon lui.
 amènerait l'indifférence dans la foi. Sorti de Lyon, un
 soir, à moitié travesti, et remontant la Saône, il avait
 passé la nuit dans un faubourg, d'où le lendemain il
s'était dirigé à grande hâte vers l'armée des Huguenots.
   Harcelé par les paysans de Rébé et de Saint-Victor,
Montbrun traversait lentement les montagnes. Sur sa
route, tous les défilés étaient défendus, tous les ponts
détruits, tous les châteaux gardés. Il fallait à chaque pas
forcer à la retraite cette foule de montagnards qui en-
tourait son armée et enlevait tous les traînards. La
sécurité des Huguenots ne s'étendait pas au de là de la
portée de leurs mousquets et souvent le canon était
obligé de faire entendre sa grande voix pour ouvrir les
passages. La marche était lente, la discipline des Alle-
mands et des Suisses leur assurait la supériorité, mais
à une condition c'est que la retraite serait bien con-
duite, la défense prudente et qu'aucune faute ne serait
commise.
   Montbrun était trop bon capitaipe pour se laisser en-
tamer par ces nuées de partisans, mais il lui tardait de