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•172               LES BEAUX-ARTS A LYON.

de cette époque ; Salomon Bernard est cité parmi les maîtres
graveurs. Nous devons faire de chacun d'eux une étude
spéciale, et constater l'éclat que la peinture et la gravure
ont eu à Lyon grâce à ces artistes éminents.
    Perréal est sans contredit une des figures les plus origi-
nales de cette époque. On ne sait pas la date de sa nais-
sance, on ne sait pas celle de sa mort, et pourtant on le
rencontre à chaque pas durant le règne de Louis XII. Ima-
gination pleine de verve, abondance d'idées, exubérance
d'activité, aptitude à tout faire, entrain, conscience de lui-
même, il a tout pour réussir. Il est artiste, il est poète
 (rimer c'est, on le sait, la faiblesse des esprits du seizième
siècle). Il est constamment en mouvement, suit partout
 la cour à laquelle il se trouve attaché avec le titre de valet
 de chambre du roi depuis la fin du règne de Charles VIII ;
il est de toutes les expéditions pour l'Italie. — Un trait de
 mœurs charmant est cette citation de l'escroc (l'écrou) de
 la despense de l'escuyerie du roi pour le mois de novembre
 1509 : « pour la livrée et la dépense de la mulle de Jehan
Bourdichon et du cheval de Jehan de Paris, peintres dudit
 seigneur que icelui seigneur a ordonnez estre paie en la
 dicte escuyerie au feur de C sols par mois pour chacun che-
 val ou mulle » (1). Voilà l'homme : il lui faut un destrier;
 fi de la mule ! C'est à ce caractère ardent, nous n'en dou-
 tons pas, qu'il est redevable d'avoir obtenu unsi grand cré-
 ditàlacourdeFrance,carilsuffit de nommerPoyet etBour-
 dichon pour rappeler que d'autres talents étaient aussi
 goûtés que celui de Perréal par Louis XII et Anne de Bre-
 tagne (2). Il savait prendre son monde ; et ce don de plaire

   (1) Renaissance des arts, par M. de Laborde I, p, 180.
   (2) Vie de la reine Anne de Bretagne, par le Roux de Lincy, II,
p. 18 et suivantes.