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                 ÈTOBE SUR LE PATOIS LYONNAIS,                       145

 le mot AIMER, dont le radical latin est AM, AMO. AMAS,
AM AT ; en italien io am o, tu am i, egli am a ; roman,
famo, t'ame, al ame, retient en français la prononciation
 celte, ê pour a, ou ai, comme le prononcent encore les An-
 glais : j'aime, tu aimes, il aime.
    On suit facilement ces nuances croissantes ou décroissan-
tes selon la prédominance du peuple envahisseur ou celle
des races primitives. Mais pour agir avec une précision
qui puisse porter la conviction dans l'esprit du lecteur, il
faut y procéder avec ordre et méthode.
    Commençons par les voyelles, base essentielle de toute
 phonation. Avec elles malheureusement rien de bien déter-
 miné. Nous voyons leur prononciation varier suivant les
peuples et les races. Ainsi l'a des Latins devient Yo du dia-
lecte roman et l'e des Celtes (1) : PATER, padre des Italiens,
père en patois lyonnais, est père en français. Il en est de
même pour les mots, mère, frère. Nous retrouvons cette
forme, dans l'anglais ; ils disent mothers, grand mothers,
pour MATER, mère, grand-mère.
   E, n'est pas moins invariable. Nous avons d'abord l'e
muet terminal, comme dans, homme, femme ; en patois
comme en italien, il se change en o ou en a, suivant le
genre : l'omo, la jenna, et dans ce cas Yo final, sonne à
peu près comme l'e muet.
   L'e fermé, donné, présenté; il représente dans les parti-
cipes I'ATDS, ATA des Latins, ato des italiens, donato, do-
nota, presenta.to, presentafa. Le roman, qui a hérité de
la concision du latin, ne retient que la dernière voyelle,
 donné, présenta (contract de ato).
   L'e ouvert, è comme dans père, mère, qui remplace pour
 le celte et l'anglais, comme nous l'avons dit, l'a des Ro-
 mains et des Italiens (PATER, padre ; MATER, madré), et dans

  (t) Mâs, masure, prononcé à la celte mèz, a fait le mot français mai-
son. Un mât, arbre de haute futaie, a fait pareillement un mai ; en patois
mairi.
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