page suivante »
422 LE PAGE DU BARON DES ADRETS. Il est parti, la guerre Le retient là bas, Et vainement j'espère, Il ne revient pas. Allez vers la Provence, Saône aux flots si douxj Dites-lui que Clémence Attend son époux. Dites combien l'attente Me cause d'ennui, Que les bras d'une amante Se tournent vers lui ; Que s'il meurt ou m'oublie J'aurai même sort. A quoi donc sert la vie Quand le cœur est mort? — Vers de papistes, poésie de damnation, cria le baron furieux, et voilà , Blancon, comment tu pervertis l'entendement, comment tu corromps le cœur? tu imites la liberté effrénée des catholiques; tu propages leurs écrits licencieux. Une rebelle, sans honte et sans pudeur, adresse des vers d'amour à un ennemi de notre croyance et de noire foi, à un soudart qui combat contre l'Eglise, à un capitaine qui pille et rançonne nos frères, et tu les lis à des jeunes Tries que je gardais loin de la corruption et de la félonie! Va, Blancon, lu m'as fait ce soir grand mal et grand ennui. Dieu te pardonne. Blancon s'excusait et les jeunes filles attristées gar- daient un piteux silence quand un écuyer annonça qu'un messager venu de Genève avait des lettres à remettre au Baron. Des Adrets le fit entrer. Antonin THIVEL. (A continuer).