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LE PAGE D 0 BARON DES ADItETS. 421 beauté, mais qui en poésie n'a que la belle Cordière pour rivale, Clémence de Bourges se lamente de l'éloignement de Jean du Peyraf, son beau fiancé. On lui a dérobé des vers qu'elle a faits dans sa douleur. Je les ai copiés ; les voici, qui va les lire ? — Des vers! dirent, heureuses, les jeunes filles. — Des vers ! murmura le baron en s'accoudant, sur son lit. Voilà bien un passe-temps de catholique et de damoiseau. • — Mdis, Seigneur, il y a temps pour tout, répliqua Berllie. Allons, Marianne, à toi la lecture et je suis sûre que de loi le baron va I écouter avec plaisir. Voyez, il sourit déjà . — Beau métier qu'on me fait faire, parce que je suis malade, gronda tout bas le général; mais que je vemonle à cheval et on verra si c'est de poésie que je m'occupe. Allons, ces vers. — Les voici, dit Marianne en se rapprochant du ma- lade : CLÉMENCE DE BOURGES A son ami Jean du Peyrat, guerroyant dans le midi. Toujours dans ma pensée J'ai vu mon chevalier Disant, l'à me glacée, Ce mot, le dernier : « Ne pleure pas, Clémence, Garde-moi ta foi ; J'aime ma belle Fiance, Après elle loi. » J'avais à sa bannière Brodé mes couleurs ; Mon âme toute entière Fondait dans mes pleurs ; Prenant ma main glaeée, 11 me dit soudain : « Adieu, ma fiancée ! Mourir, ou ta main ! »