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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 333 que les couleuvrines et les mortiers pouvaient lancer la destruction sur les plus hautes murailles, on ne devait plus se vanter d'être au-dessus du malheur et il fallait faire entrer en ligne de compte l'énergie du cœur et la protectiou du ciel. Rébé, aussi prudent que brave, se hâta d'envoyer un message à un ami sur la valeur duquel il pouvait compter. Non loin de là , dans la montagne, s'élevait un fier et beau château aussi bien défendu par les vallées profondes qui l'entouraient, que par ses tours et ses fossés. Pierrefitte dominait le village de Ronno ; de hautes forêts, des torrents impétueux, des précipices lui don- naient un air sévère qu'adoucissaient de vertes prairies, de gras pâturages et une vaste nape d'eau qui reflétait l'azur du ciel. De l'étang calme et pur s'échappait un petit ruisseau, le Suanan qui, à traversde riantes vallées, allait chercher la gracieuse rivière de l'Azergue et se perdait dans son lit. Dans ces vallées, vit à côté de ses troupeaux, une population saine, forte et belliqueuse ; quand dePierrefite se faisait entendre l'appel aux armes, une nombreuse jeunesse quittait le bâton des pasteurs et courait se ranger sous l'étendard du sire de Saint- Victor, son seigneur. L'héritier de l'antique manoir, le descendant de la vieille famille des Saint-Victor, Gabriel, l'ami de Rébé,