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V AUTOUR DE LYON. 307 gents admirateurs. Des chaires y sont fondées pour l'étude de ces nombreux dialectes, naïfs et sonores, écîos au beau soleil dans les cités et dans les châteaux de notre Aquitaine et de notre Narbonnaise. Ouvrez le catalogue d'une maison de librairie de Leipsig, de Berlin ou de Stuttgard, et dites si notre amour-pro- pre national ne doit pas se sentir humilié à l'aspect de tous les litres d'ouvrages publiés dans les universités germaniques sur des langues et des littératures qui furent ou qui sont nôtres. Aussi, nous faut-il recourir aux descendants des demi-sauvages que dompta Chariemagne, lorsque l'envie nous preûd d'étudier l'histoire, d'apprendre les règles, d'apprécier les mérites de l'idiome parlé par Divitiac et Vercingétorix , des dialectes illus- trés par les trouvères, les troubadours et les félibres, ces frères harmonieux de nos classiques. Il est très-bien, assurément, que nos jeunes bacheliers, au sortir des écoles du pays, sachent disserter surCicéron et Pin- dare et, à l'occasion, sur Cervantes et Milton, Camoënset le di- vin Torquaio ; ne serait-il pas bien aussi qu'on leur apprît quelque chose des Rambaud Vacqueiras, des Bertrand de'Born, de maître Wace, de la geste de Roland, ce vieux chant de guer-e qui menait aux combats, dans les siècles passés, les preux dont le sang a cimenté la nationalité, notre bien et notre orgueil ? Mais, me direz-vous, nous possédons plusieurs revues où tou- tes les questions relatives aux origines de notre langue sont abordées avec une science et un zèle dignes des plus grands éloges. Je crois connaître la plupart de ces publications, et nul plus que moi n'applaudit aux intelligents efforts de leurs colla- borateurs. Ce n'est point, je vous le répète, à ce petit nombre de vrais érudits que je m'adresse, mais à cette foule d'écrivains, latinisants fanatiques, pour qui la langue des Celtes n'est pas même un débris gisant dans son linceul ; et, puisque je suis sur ce propos, je me permettrai de vous citer, au hasard, quel- ques étymologies parmi celles que leur inspire le mépris de leurs pères. Ouvrez un dictionnaire français ; s'il hasarde des étymologies, il y a cent à parier contre un que vous y lirez au mot galïma-