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LE PAGE DU BARON DES ADRETS. 203
mée rapace qui s'y chargea de dépouilles ; longtemps les
demeures furent abandonnées, longtemps les terres dé-
laissées et quand la tête du célèbre huguenot tomba,
plus tard, sur l'échafaud, les cris de vengeance qui s'é-
levèrent de la vallée de l'Azergues prouvèrent quelle
haine s'était attiré le nom du cruel Dauphinois.
En ce moment, rien, ne faisait prévoir les revers de la
fortune si ce n'est un échec devant le château de Mont-
melas, échec qui réveilla l'armée et la fit marcher plus
promplement sur Thizy.
Dans un pays où les jardins d'Armide ne sont point
un mythe, où les riches vignobles succèdent à de gras
pâturages, où les manoirs étaient une sécurité non une
crainte pour la fière population des campagnes, ie châ-
teau de Monlmelas était cité pour sa force et sa beauté,
comme les champs qui l'entouraient pour leur abondance
et leur fertilité. Là , entouré de nombreux vassaux, vivait
heureux et tranquille un puissant seigneur que l'éclat du
Louvre n'éblouissait pas, que les dames de la cour n'at-
tiraient pas et qui content de faire le bien autour de lui,
se sentait heureux d'être chéri d'une épouse belle et
vertueuse, adoré des agriculteurs dont il connaissait el
partageait les travaux.
Le comte deTournon aimait la paix, mais il avait fait
la guerre el quand l'étendard huguenot parut, le château
de Monlmelas hissa le drapeau catholique, les hommes
d'armes se montrèrent el Montbrun qui comptait sur une
victoire facile vit qu'il aurait de rudes assauts à donner.
En effet, pleins d'amour dans le comte et de confiance
en sa valeur , les défenseurs accoururent. Des plaines et
des montagnes, venaient par groupes, Ã travers champs,